mercredi 15 juillet 2009
Petit Tour d'Europe avec Inter Rail (du 5 au 26 août 2000)
Pour moi, l'an 2000 a rimé avec l'acquisition de ma licence de droit (mes parents ne me croyaient pas quand je leur ai communiqué mes résultats par téléphone... ça fait toujours plaisir. Bon, après, il faut reconnaître que mon Deug avait été plus que laborieux), et un périple dans différents pays d'Europe avec mon pote Jérôme.
Pendant l'été, nous avions regardé sur le minitel les prix des billets d'avion "dernière minute" en espérant trouver une destination sympa et pas chère. Malheureusement, nous n'avons pas mis la main sur cette denrée rare. Aussi, nous nous sommes finalement rabattus sur la carte Inter Rail. Celle pour laquelle nous avons opté couvre deux zones : la Zone B (Norvège, Suède, Finlande) et la Zone C (Allemagne, Danemark, Autriche et Suisse).
Le 5 août 2000, nous avons donc commencé notre périple avec un billet Chambéry - Genève (hors zone), puis Genève - Zurich. Nous arrivons à Zurich à midi. Notre prochain train étant programmé à 19h10, nous avons le temps de flâner dans les rues de la ville. Le soir, nous empruntons donc un nouveau train jusqu'à Stuttgart où nous allons attendre 2 heures dans une ambiance assez glauque : les gares la nuit... Ensuite, nous montons dans un train à destination de Prague (et oui, hors zone aussi). Dans la nuit, les autorités frontalières nous contrôlent sans guère d'égards. Nous parvenons dans la capitale Tchèque pour profiter du charme slave pendant ... 36 heures. Malheureusement, la météo n'est pas très clémente. Nous nous vengeons alors sur les pintes de bière qui coûtent une somme dérisoire.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAvJokLya2lUibff0LFC5Een99ifOdhJOCZdPIObc_eGtCJxqokes73hqnmSOG3k43iJuJLTYmGJFfAlvAJPT749PP-wjG1VIUX9o7ha_RVia1DI3a5Ub-jsHRe_4OoqA5wAI40-Wqc_rx/s400/Tour+d'europe+007.jpg)
Le 7 août, nous sommes à nouveau dans le train pour 6 heures de trajet jusqu'à Berlin. Nous restons dans la capitale allemande uniquement le temps de manger un petit plat à base de pommes de terre, de boire une bière et de constater que mon niveau d'allemand est absolument déplorable (ce qui ne devait pas me surprendre). Nous poursuivons jusqu'à Malmö par un train de nuit sans couchette afin d'économiser un peu de sous. Le lendemain matin, nous faisons le trajet de Malmö à Copenhague. Nous passons la journée à Copenhague avant de reprendre le train en sens inverse. La capitale danoise est un lieu de quiétude. Seul impair, nous avons réussi à ne pas trouver le quartier de Christiana... tant pis !
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9c2wm2msk3-ysjUOdoc4r2Z7PvzznUi-Y5_y5Uq82uDULZR9kkIPKI4RLJAZhxpbuwl9RhLITJGCmlzr6Khb1ZcnxWe6WtN37J59m5Nn10I_pbWcDKOcCChyXqraziofHQZIrY0N4auVp/s400/Tour+d'europe+006.jpg)
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCF67loE0y1EJqsF2ldZX4FowliZxRgX7SfZ8Phdc7WYzzdTkLQ0NJQPis2Qn-VxoyPcUDHtV3el9ORExdzS1Y94AMU7oPC63Mrg24rY1ccZdJRa3LjGVzkI544lQfsFRS_wZ3YvGCOSj6/s400/Tour+d'europe+005.jpg)
Le 10 août, nous prenons la direction de Voss puis de Bergen sur la côte ouest de la Norvège. Cette jolie petite ville nous accueille avec son marché à poisson sur le port, ses petites maisons aux façades rouges...
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZhVuk-xuHpt1npvVKL0C2LlRwJPh_cfWYIRKKYfNic70tEKnUQjmfB4Ra1WarXFhdE1VWyFPexeW3k-9Xy0GSDFSgFzI1WS1ZjOBoIAEfqOmETBnGJMJAMBVAuIPovWC0PyWFvURWBbMO/s400/Tour+d'europe+004.jpg)
Nous poursuivons ensuite vers Myrdal et Flam où nous restons quelques jours afin de faire des randonnées. Là, nous pouvons admirer les chutes d'eau, cascades et surtout les fjords. Sur un des sommets, nous pouvons même observer un "carrefour" de plusieurs fjords. En revanche, l'humidité est très présente, ce qui n'est pas toujours agréable lorsque l'on dort sous tente.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjuUIRXu2Hbg-qCdaoaJGQzX97o9IeS_sV_KASLUo5r3-2nZY9K36H5a7PrYyt21a0jwZw_aVD_u5Iz9htj8iFq1Sl9_5Xuy0p4-y2G4OQv9Z9V59aR9RBOHCjF6B3DKLUWmpyXzVMhXM_I/s400/Tour+d'europe+003.jpg)
Nous prenons ensuite la direction de Trondheim. Nous arrivons dans cette ville un vendredi soir. Le décalage est frappant, il y a plein de grosses voitures de marques américaines et les gens dans la rue sont imbibés d'alcool. J'apprendrai par la suite qu'il est coutumier dans les pays scandinaves de se mettre minable le weekend, en famille ou entre amis. La halte est de courte durée puisque nous enchaînons pour 11 heures de train jusqu'à Bodö.
De là, nous trouvons un bateau qui nous amène sur les fameuses îles Lofoten. Nous restons deux jours sur l'une des îles. Les paysages sont magnifiques : plages de sable blanc, mer turquoise (mais froide), petits hameaux, barques de pêcheurs...
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgS-t9x1Ch55RJCH0dJ15mR357ks97CnVJZgAfaWf2mYJfXi8CnkT3O3nNhVYWPt7JMeTp7l5s-ZfTV8QTj83zSzujCFS6PSW9u8SSfZAcP-p8AxWwly1lq6m0n4CN1MkR00HLTaYcCx03Q/s400/Tour+d'europe+002.jpg)
En outre, ces îles ont une autre particularité. En effet, elles sont situées à quelques encablures du cap nord où l'été, pendant les journées les plus longues de juin, le soleil ne se couche pas. Bien que nous soyons plus au sud et qu'il est déjà fin août, le soleil ne se couche ici qu'entre 23 heures et 1 heure du matin. Nous avons ainsi pu passer près de deux heures à regarder le soleil se cacher derrière l'océan atlantique et à une heure du matin, j'étais déjà réveillé dans la tente par la luminosité extérieure !
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Après avoir été rassasié de magnifiques paysages, nous envisageons de prendre la direction de la France. Il s'ensuit une longue dégringolade géographique (Bodö, Trondheim, Stockholm, Malmö, Hambourg, Osnabrück).
Le 23 août, nous arrivons à Amsterdam, étape improvisée hors zone. La ville est belle, notamment ses canaux, et ensoleillée, mais l'accueil des néerlandais n'est pas toujours courtois. En outre, nous avons dormi dans le pire des campings (densité effrayante avec des tentes espacées de 10
centimètres, néons à lumière bleue dans les sanitaires pour que les veines ne
soient pas visibles…) et enchaîné avec une des pires auberges de jeunesse (chambre qui donne sur l’enseigne luminescente et
grésillante de l’auberge, employé ivoirien qui regarde l’émission « chasse,
pêche et nature » à fond sur son téléviseur à 4 heures du matin…). Je continue donc allègrement de cumuler des heures de sommeil en retard. Heureusement, il est tout de même possible de boire une petite bière sans soucis.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEirAdrBmwI1WYw5Ye8rZmmSWzIIhfBZLJymaXw42lo0lXzIkIxv1gfzc0nfwhUiAJusDw1-FFui7_RG2W53QiJXEO1xYgDyBr6UT6e3RJeNmTSjz1fJJ_MexDU6p1fCM7BW-zdw0zqe7uMF/s400/Tour+d'europe.jpg)
dimanche 12 juillet 2009
7 ans au Tibet (enfin du 4 août au 4 septembre 2001)
L'avenir sourit aux ambitieux. Lorsqu'au cours de
ce calme mois de mars 2001, Jérôme, Matthieu et moi-même avons décidé, en
traînant dans les rayons d’une librairie à Chambéry, et après avoir feuilleté
différents guides de voyage dont celui de Cuba, de nous embarquer pour le
Tibet, nous n’imaginions pas le périple qui allait nous attendre.
Jérôme, du haut de ses 21 ans, a déjà quelques
voyages à son actif et présente le plus d'expérience dans le groupe, et puis il
a choisi d'étudier en LEA (langues étrangères appliquées), et cela est un motif
suffisant pour convaincre Matthieu et moi-même de lui laisser la responsabilité
de la majeure partie de l'organisation du voyage.
Très vite, il trouve des billets pour un avion qui
doit nous mener de Paris à Katmandou, capitale mythique du Népal dont j'osais à
peine rêver lors de mes lectures de René BARJAVEL (Les Chemins de Katmandou) ou
de Charles DUCHAUSSOIS (Flash). Notre voyage prévoit une escale à Moscou.
L’aller – retour nous coûte pour 4000 francs (609 euros environ) que nous
réglons à la compagnie russe Aeroflot.
Ensuite, nous terminons notre année
universitaire. Celle-ci s'achève sur un succès très mitigé. En effet, si j'ai
obtenu ma maîtrise de droit des affaires, je n'ai pas eu de mention (le
contraire aurait légitimement pu énerver quelques élèves studieux de
l'amphithéâtre) et je ne suis pas pris en DESS droit des affaires à Grenoble,
sachant que c'est la seule école auprès de laquelle j'ai postulée. Je suis bon
pour faire une nouvelle maîtrise l'année suivante (droit européen, ça me
changera un peu).
Les études finies, je peux alors m'adonner à ma
nouvelle passion : travailler en chaudronnerie comme intérimaire à taper avec
une masse sur de la fonte. Géniale ! En même temps, je suis payé quelques 8 000
francs nets par mois (1219 euros), ce qui est une somme intéressante pour un
emploi non qualifié. Quoi qu'il en soit, l'argent gagné couvrira les frais de
mon voyage (4000 francs pour l'avion + 8000 francs sur place = 12 000 francs,
soit 1819 €). Le soir, après le boulot, je n'hésite pas à faire du vélo ou de
la natation afin d'étoffer mes capacités physiques. L'objectif est que mon
corps soit suffisamment entraîné pour supporter les hautes altitudes des
plateaux tibétains.
L'été s'écoule donc entre coups de masse et coups
de soleil. Le jour du grand départ arrive.
Vendredi 3 août, trois mauriennais montent dans
le TGV en direction de Paris (munis de leurs billets...) et organisent un
squatte fumant chez Julien. A 1 heure du matin, il nous vient l'idée d'appeler
un taxi pour le lendemain afin de nous amener à l'aéroport de Paris - Charles
de Gaulle sans difficultés dans la matinée. Toutefois, nous peinons à garder
notre sérieux et pouffons au téléphone. Notre interlocuteur pense qu'on se fiche
de lui. Finalement, nous parvenons à le convaincre de la véracité de notre
demande. Après 3 heures du matin et de nombreux fous rires, nous tentons de
trouver le sommeil dans l'appartement de Juju. Toutefois, la chaleur qui règne
alors sur Paris et l'excitation liée à la pensée des aventures qui nous
attendent ne sont pas propices à l'abandon, nous peinons à nous endormir.
Quand le réveil sonne ce matin, les mines sont blafardes.
Nous nous extirpons difficilement du lit après cette nuit sans guère de sommeil.
Nous avalons notre petit-déjeuner, jetons notre sac sur le dos, et nous
dirigeons vers la place où doit nous attendre le taxi. Là, demie stupeur, pas
de taxi... On ne nous a donc pas cru. Heureusement, une voiture libre se
présente et nous amène à destination.
A l'aéroport, nous réalisons les différentes
formalités d'enregistrement et embarquons à 11h45. A 17h35 (heures moscovites),
nous arrivons dans l'aéroport de la capitale russe. Nous sommes déjà habillés
avec des vêtements et chaussures de randonneurs, mais cela ne nous empêche pas
de nous offrir un cigare et de reluquer la population féminine locale. Nous
prenons en repas sans saveur à la cantine de l'aéroport et attendons l'avion
pour Katmandou dont le départ est programmé à 23h55.
Le trajet aérien qui suit n'est pas du goût de
Jérôme qui doit supporter la chaleur de l'avion, les cris répétés d'un nouveau
né et une position indélicate liée à un siège trop petit (ou à ses jambes trop
grandes, au choix).
A une heure avancée de la matinée, l'avion se
pose dans un endroit inconnu (nous n'avons pas entendu parler d'escale pendant
le vol). J’observe par le hublot un paysage désertique. Je sors abruti de
fatigue de l'avion. Il fait une chaleur suffocante. Je me dis que celle-ci est
liée aux réacteurs de l'avion. Je m'éloigne donc de celui-ci pour regagner
l'aéroport. Ca na change rien, il fait toujours aussi chaud. Je pénètre dans le
bâtiment. Mon environnement me permet de déterminer qu'il est 5 heures du matin
et que nous nous trouvons aux Emirats Arabes Unis, cool ! Nous faisons un tour
dans l'aéroport pour satisfaire notre curiosité et repartons.
Nous atterrissons à Katmandou le dimanche 5 août
vers 13 heures. Avant de se poser, la vue de l'avion était hallucinante. En
effet, nous avons pu voir de grandes montagnes à la végétation extrêmement
verte et dense, et quelques temples bouddhistes, le tout un peu noyé dans les
nuages.
Nous arrivons dans un modeste aéroport de
briques. Nous passons quelques minutes à remplir des formulaires et sortons de celui-ci.
Personnellement, je ne suis pas au top de ma quiétude à ce moment là. La vue
des autorités militaires népalaises n'a pas eu d'effets apaisants et c'est
après tout mon premier voyage hors d'Europe. La suite ne va pas non plus me
rassurer. En effet, à peine nous passons la porte de sortie qu'une foule nous
attend avec des cris et des cartons avec des écriteaux qu'ils brandissent au
dessus de leur tête. Celle-ci est maîtrisée par la Police qui la maintient en
place grâce à des barrières. Nous aurions été un groupe de rock mondialement
connu, nous n'aurions pas eu droit à un tel accueil. En fait, il y a là une
bonne cinquantaine de népalais qui tentent de nous intercepter par tout moyen
pour que nous prenions leur taxi, allons à leur hôtel... Mon réflexe aurait été
de re-rentrer immédiatement dans l'aéroport (comment ça je suis émotif ? j'ai
entendu poule mouillée dans le fond ?). Jérôme maintient le cap. Escorté par un
flic, il négocie un taxi.
Nous apprendrons les raisons d'une telle cohue
plus tard. En effet, nous savions par nos médias que, quelques mois plus tôt,
l'oncle du Roi du Népal a assassiné les différents membres de la famille royale
pour s'emparer du pouvoir. Or, selon un népalais, ce scandale a entraîné des
perturbations dans le pays et conduit la plupart des assureurs étrangers à
refuser de couvrir les risques des touristes qui partiraient pour cette
destination. Aussi, en cet été 2001, la fréquentation de la capitale népalaise
a fortement chuté ce qui a entraîné de graves répercussions économiques pour
les commerçants qui ont dès lors un motif valable pour nous faire une cour
assidue à nous, gros portefeuilles occidentaux.
Nous nous extirpons de la marrée humaine et
montons dans le véhicule. Il s'agit d'un vieux machin de tôle avec trois roues.
Nous tenons tout de même tous dedans, nos sacs aussi. Notre chauffeur nous
amène vers le centre touristique de Katmandou, Thamel. Avant d’arrivée dans le
centre, je suis marqué à la vue des bidonvilles. Je croise le regard
d'habitants de maisons minuscules en ruine. Le taxi nous dépose à l'hôtel que
Jérôme avait préalablement repéré dans notre guide du routard. Là, nous prenons
une chambre assez confortable avec un lit double et un lit simple.
Nous laissons nos affaires à l'hôtel et prenons
le chemin du centre ville. Nous sommes régulièrement courtisés par des
personnes de tout âge qui nous proposent différents services : restaurant,
hôtel, puis, suite à nos refus : prostituées, drogues... Nous ne nous arrêtons
pas sauf pour demander comment nous rendre en bus au Tibet.
C’est ainsi que deux personnes nous amène alors
au premier étage d'un immeuble. Un gros monsieur derrière un gros bureau nous
reçoit entouré de quelques membres de son personnel. L'ambiance est toute
particulière et nous sommes d'une sérénité discutable. Nous avons un peu
l’impression d’être trois petits bandits dans le bureau d’un gros caïd. Nous
demandons le prix du trajet de Katmandou à Lhassa. Le gros monsieur nous répond
qu'il propose un "tour " de cinq jours avec visite de plusieurs
temples sur la route qui mène à la capitale du Tibet pour 23 514 roupies par
personne que nous pouvons régler par carte bleue. Le départ est prévu dans deux
jours. Après quelques hésitations, nous acceptons la transaction et prenons un
aller simple. Matthieu n'ayant pas de quoi régler sur lui, je lui avance les
fonds. Je règle donc 47 029 roupies, soit 8000 francs. Dès le premier jour à
Katmandou, je me suis donc assuré une totale tranquillité puisque mon budget
est désormais de 0 roupies !
Nous sortons nos billets de bus en poche. Le
sentiment est contrasté une fois arrivé dans la rue : joie d'avoir un moyen de
transport pour le Tibet ou appréhension de s'être fait arnaquer la moitié de
notre budget de voyage ? Tant pis, il ne faut pas que cela nous empêche de
manger et nous nous offrons un restaurant.
Le lendemain, nous nous baladons dans Thamel et
ses environs, successions de rues commerçantes plutôt propres. A un carrefour, Jérôme
recule promptement lorsqu'un lépreux tente de le toucher. Nous faisons toujours
l'objet des convoitises et nombre de badauds nous accostent, dont des gamins
que nous avons du mal à coller sur les noms des capitales des différents pays
du monde. Nous faisons le tour de quelques boutiques axées sur les activités de
montagnes où nous achetons notamment une petite bouteille de gaz pour notre
réchaud à un prix assez élevé (mais nous n'en trouvons nul part ailleurs).
Nous rentrons ensuite à l'hôtel. Là, la pression
des derniers jours retombent et mes deux acolytes me tombent dessus avec leurs
oreillers pour une bataille mémorable. Après une dizaine de minutes de joutes,
nous entendons frapper à la porte. Mes deux courageux assaillants se remettent
alors directement au lit et montent leur couverture jusqu'au menton. Je n'ai
plus qu'à aller ouvrir. Je me présente vêtu de mon seul caleçon et de mon
t-shirt et j'essaye de baragouiner quelques excuses en anglais à l'employé qui
me fait face, tout en montrant mes deux camarades. Celui-ci a dû mal
interpréter mes propos et à dû penser qu'il s'agissait plus d'une orgie que
d'une lutte car il devient tout rouge et s'en va en s'excusant. Matt et Jérôme
sont morts de rire. Merci les potes !
Le lendemain, l'ambiance est plus tendue. Nous
nous levons à 5 heures du matin pour être à 6 heures au point de départ du bus.
Nous traversons les rues alors désertes de la ville. Nous nous décrispons dès
que nous apercevons notre moyen de transport, un bus pas très récent. Nous ne
nous sommes pas faits avoir. L'équipage est notamment composé d'un chauffeur
bonhomme, d'une jeune guide chinoise charmante, d'un couple d'italiens (le mari
est grand, bodybuildé, avec des cheveux mi-longs frisés blonds, il ne manquera
pas de détonner dans notre environnement), d'une canadienne polie aux cheveux
courts, d'un vieux japonais qui ne faillira pas à la réputation d’incroyable
photographe et d'un anglais taciturne de Londres. Tout ce beau monde rentre
dans le véhicule et nous voilà embarqué en direction de la frontière népalo - tibétaine
(enfin népalo - chinoise plutôt). Le trajet oscille entre campagne et ville
jusqu'à atteindre les premières hautes montagnes. La route fait alors place à un
sentier raide et mauvais que j'aurai personnellement hésité à emprunter en
jeep. Le ravin sur le côté n’est guère rassurant. Notre petit bus branle,
secoue, cahote mais le chauffeur assure et nous continuons à avancer.
En fin d'après-midi, nous parvenons aux portes du
Tibet. La frontière est très surveillée et l'air sombre des soldats n'incite
pas à la plaisanterie. Docilement, nous faisons la queue quand on nous le
demande et nous nous présentons aux guichets qui nous sont indiqués. Après une
petite heure, nos passeports sont munis du tampon des autorités chinoises qui
nous permet de rester un mois au Tibet.
Nous remontons dans le bus et parcourons encore
quelques kilomètres jusqu'à la ville de Nyalam, à 3900 mètres d'altitude. Cette
petite ville doit survivre grâce aux échanges entre Népal et Tibet. Aussi, les
quelques habitations et commerces sont construits de part et d’autre de la
route. Il fait quasiment nuit et la météo est nuageuse. Nous nous dirigeons
vers une épicerie pour acheter quelques victuailles. Les quelques mètres qui
nous séparent de l'échoppe sont parcourus extrêmement lentement. Notre
organisme n'est pas habitué à une telle altitude et nous le fait bien
comprendre ! Nous mangeons une soupe au restaurant puis allons nous coucher
dans la chambre qui nous est réservée. Celle-ci est tout à fait spartiate :
deux lits dans quelques mètres carrés. Je laisse le lit double à mes amis,
comme d'habitude.
Le lendemain, nous retrouvons nos voisins de bus.
Personnellement, la nuit n'a pas été bonne. Trouver le sommeil à cette altitude
n'est pas aisée, l’excitation du voyage n’arrangeant rien. Autour ne nous, les
mines sont tirées. Nous ne sommes pas les seuls à avoir pâtit du manque d'oxygène.
Apparemment, certaines personnes auraient été très malades :
vomissements...
Ce matin, le ciel est couvert mais il ne pleut
pas. Très vite, notre bus arrive sur d'immenses plateaux parcourus par
d'énormes camions. Nous pouvons avancer bon train.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjF-uWRn1ObHC-EDgtMO0rQi_kbPLnIvz_UknsFJiTOJCZA7ifbVVuNC56Diws3z8bO51roctmpAXzsJZmG24Pq2pm_P4uFl56yFyPeJ_Gk7sWxMpE6zn2HQKKo6ViZZYi0rsVoOHR_udjO/s400/tibet.jpg)
Notre étape du jour nous mène de Nyalam à Shegar.
Les arrêts sont l’occasion de premiers contacts avec les tibétains. Les contacts
sont très limités par l’absence de langue commune et un peu de retenue, une
certaine timidité. Nous observons des villageois, avec des vêtements très
simples, s’affairer autour de leur maison ou dans les champs. De Tingri, à
mi-chemin, nous jetons un coup d’œil admiratif sur l’Everest.
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